Vivre l’accueil des régions comme famille homoparentale

Le terme homoparentalité est utilisé pour décrire une famille dont les parents sont de même sexe. Au Québec, les familles homoparentales sont de plus en plus visibles, autant en ville qu’en région. Bien que les données datent de quelques années, il y avait 2 175 couples québécois homosexuels avec un ou des enfants à leur charge lors du recensement de 2016, ce qui représentait à ce moment 0,2 % de l’ensemble des couples avec enfants. Un couple de même sexe sur 10 vivrait avec au moins un enfant. Et ces familles sont probablement encore plus nombreuses aujourd’hui!


Mais être une famille homoparentale en région, ça se vit comment? Est-ce bien accueilli? Est-ce difficile à l’école pour les enfants? Faisons le tour de la question avec le couple de Justine et Nora, et Audrey*, toutes les trois des mères de famille homoparentale, qui ont gentiment accepté de raconter leur vécu.

Deux enfants dans un champs avec une nuée d'oiseaux blancs dans les airs.

L’histoire de Justine et Nora : once you go Basques, you never go back!

Lorsque Justine et Nora ont décidé de déménager en région, elles étaient à la croisée des chemins : besoin de changement, de ralentir le rythme et d’une vie de quartier à proximité des activités familiales. Alors qu’elles étaient en vacances dans le Bas-Saint-Laurent, elles ont atterri par hasard à Trois-Pistoles.


Les deux femmes, résidant alors à Longueuil, ont pris le temps de s’y balader main dans la main et elles se sont tout de suite senties à leur place. Les gens, de tous âges, étaient chaleureux, les regards envers elles étaient sympathiques et amicaux. Aucun malaise, aucun jugement. Justine était alors enceinte de leur petite fille, mais jamais elle ne s’est sentie inconfortable dans ce nouveau milieu. Elles n’y avaient pourtant jamais mis les pieds avant, mais le coup de cœur a été instantané. C’était le début de leur démarche vers une nouvelle vie en région.

 

Nora et Justine avec leur bébé et leur chien à Trois-Pistoles.

Nora, ambulancière, a alors pris l’initiative de faire un stage dans une entreprise paramédicale locale, pour voir si l’endroit lui plaisait. Comme de fait, le rythme de travail moins effréné, les paysages à couper le souffle et les collègues sympathiques l’ont charmée. En soirée, elle est sortie au bar et s’est fait accueillir par une communauté ouverte et bienveillante, où elle se sentait bien. Les astres commençaient de plus en plus à s’aligner.


Les deux femmes ont ensuite rencontré Mélanie, agente de Place aux jeunes en région (PAJR) pour la MRC des Basques. Mélanie les a accompagnées pendant un week-end à Trois-Pistoles, notamment pour répondre à leurs questions sur les sports et loisirs, les activités familiales, le logement, la mobilité, les services de garde. Vous l’aurez compris : elles ont vécu un séjour exploratoire sur mesure pour elles! Elles avaient tout en main pour finaliser leur choix et partir à la recherche d’une chaleureuse maison.


Maintenant qu’elles ont officiellement déménagé à Trois-Pistoles, il ne leur reste plus qu’à s’enraciner dans leur nouvelle ville. Malgré l’inconnu et l’adaptation qu’elles expérimentent, elles croient fermement que si elles n’avaient pas fait le move en région à ce moment pour leur vie de famille, elles auraient regretté de ne pas avoir au moins essayé.

 

Nora et Justine avec leur bébé et leur chien.

Le Trois-Rivières ouvert d’esprit d’Audrey*, mère de famille homoparentale

L’expérience d’Audrey* est un peu différente, mais tout aussi intéressante : elle demeure en région depuis toujours, ayant grandi dans le Centre-du-Québec et résidant maintenant à Trois-Rivières avec son garçon et sa conjointe. Elle n’a donc pas profité des services de PAJR, mais elle côtoie une amie qui y est agente. 


Malgré quelques expériences négatives et quelques regards persistants dans des lieux publics, Audrey croit tout de même que Trois-Rivières brille par sa diversité et l’ouverture d’esprit de ses résident.e.s. Selon elle, ces valeurs y ont beaucoup progressé durant les dernières années. Elle se dit chanceuse que son garçon fréquente une école où il peut côtoyer des ami.e.s de tous les horizons, qui accueillent sa famille à bras ouverts. Le personnel enseignant, administratif et de soutien est également très inclusif et réceptif : à la suite de la demande d’Audrey, l’établissement a adapté les formulaires afin de changer la notion de père et de mère pour « parents », tout simplement. Un petit changement qui fait toute la différence pour elle et pour les autres couples de même sexe qui suivront.


Mais Audrey partage le même point de vue que Nora et Justine : il faut foncer et répondre à l’appel des régions si la question vous trotte dans la tête et ne pas laisser la place aux idées préconçues sans les confirmer ou les infirmer vous-même. Son meilleur conseil pour y arriver? Allez à la rencontre de votre voisinage! Votre petite famille pourra tout de suite prendre le pouls de ce nouveau milieu.

 

Qui sont ces familles homoparentales au Québec?

Au recensement de 2016, c’était 83,9 % des familles homoparentales qui étaient dirigées par un couple féminin. Les familles avec deux pères augmentent au fil des ans, mais restent encore une minorité dans les statistiques. La Coalition des familles homoparentales rapporte que 1,3 % des mères et 0,2 % des pères au Québec sont homosexuel.le.s. Ces familles demeurent surtout dans les régions de Montréal et de la Montérégie, qui accueillent 46 % des couples québécois de même sexe ayant des enfants. Néanmoins, certains ont choisi les régions pour établir leur famille.


Encore aujourd’hui, il est difficile d’obtenir des statistiques exactes et à jour, car les études se font rares et certaines personnes sont encore réticentes à lever le voile sur leur orientation sexuelle. C’est pourquoi nous profitons de notre tribune pour mettre en lumière des témoignages réels de familles homoparentales en région. 


Place aux jeunes se fait un point d’honneur d’accompagner avec bienveillance les familles du Québec qui choisissent la vie en région, et ce, peu importe leur orientation sexuelle. L’accompagnement personnalisé prend tout son sens lorsque nos agent.e.s réussissent à mettre en contact de jeunes familles avec des personnes ayant vécu des expériences similaires pour qu’elles puissent leur faire partager la réalité du terrain, leurs appréhensions, mais également leurs motivations à déménager en région. Car notre objectif chez Place aux jeunes est de vous accompagner vers un endroit où vous vous sentirez bien, à votre place et en sécurité. 


* Audrey est un nom fictif utilisé pour préserver l’intimité de la famille.

 

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